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Nuage de Plomb

Ici se profile l’élégance même. Une charge nucléaire de quatre mètres.

Terreur.

Vu de plus près, le monstre suspendu se découpe en plusieurs milliers de petites cellules. Le processus, habile, rappelle que toute force de frappe, quelle que soit sa nature, n’est que l’alchimie des éléments qui la composent. Ici, des petits plombs – ceux qui mitraillent la piétaille que nous sommes – évoquent le nombre de charges nucléaires disponibles aujourd’hui dans le monde.
14 000 (1) fois Hiroshima pour être exact. La précision au service de la puissance.

Gilles T. Lacombe travaille au détail. Sous ses doigts, l’infime construit le grand. L’alliage des matériaux est fin. Ivoire, poils, marbre, fer, bois, or, plomb… Un véritable tableau des éléments, inédit celui-ci. Dans sont atelier, l’uranium radioactif se désintègre pour devenir plomb (2). Tout doit disparaître… pour mieux renaître peut-être ? Cependant nous sommes prévenus : « don’t push». Un adage plein d’espoir pour une humanité criarde ?

Refusant un symbolisme arithmétique facile, Gilles T. Lacombe se plaît à com(p)ter le monde et ses mouvements. Tout se fige dans un sourire, avant que ne vienne poindre le doute, puis la compréhension. Les milliers de petits plombs gesticulent, l’instabilité de l’esprit prend le pas.

(1) Une estimation du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute)
(2) mais n’est-ce pas l’élément terminal de la fission nucléaire ?

Cette œuvre a été exposée en Allemagne lors de l’exposition Nord Art 2018, plus de détails ici.